Il n’est jamais trop tard, dit-on…
Donc presque trois mois que je me suis frottée à ZE défi de mon année 2018 : 58 km en trail.
Reprenons par le commencement (pas le vrai commencement, juste un peu avant la course).
En toute honnêteté, si trois mois plus tard, je fais un peu la nana qui gère (« oué oué, 58 km, ça se fait« ), quelques jours et heures avant dans ma tête c’était plutôt le contraire.
En plus, il faisait une chaleur du diable (qui aurait conduit à plus de 50% d’abandon, d’après radio-potins-trail).
Et c’est ça qui me faisait peut-être le plus stresser.
Je me suis imaginée tous les films possibles et inimaginables : « si je n’ai plus d’eau et que je m’écroule, je fais comment?« , « si je me dessèche sur place, je fais comment?« , « et si je me mets à vomir à cause de la chaleur, je fais quoi?« ….
Je me suis livrée aux calculs les plus poussés (ayant fait un bac L option arts plastiques, je te laisse imaginer le niveau…), « si je cours uniquement la nuit, à la fraîche, je le boucle en combien?« , « j’ai 2 gourdes et une poche, je répartis comment l’isotonique et l’eau pure?« , « sachant que les ravitos sont tous les X km, je peux/doit boire bien combien par km?« …
Au fond, je savais bien que j’étais complétement opé sur l’alimentation et l’hydratation, mais n’empêche que remontée comme un coucou, plus rien ne comptait.
J’avais tout pour bien gérer : de l’eau en quantité suffisante (1,5L, sans compter le litre d’isotonique) et de quoi festoyer le long de ces fichus 58 km (abricots secs à gogo, mini-saucissons secs à volonté, « petites tranches de saint-agaûne [ne me juge pas lectrice/lecteur], gels isotoniques en veux-tu en voilà…).
Pour de vrai, je me serais perdue, j’aurais eu de quoi tenir laaarge (mais pas pour l’eau, certes).
[SPOILER : je n’ai pas tout boulotté du tout et loin de là!!]
Bien entendu, j’ai également mis dans mon sac tout un tas de trucs dont je sais, avant même de passer le pas de la porte, qu’il ne me servira JAMAIS (genre une boite de compeed, un débardeur de change ET un t-shirt de change…). Et je sais aussi déjà que mon gobelet va rester au fond de mon sac comme à chaque fois (faux, je l’ai sorti!)….
Donc au final, avec le matériel obligatoire, je suis parée à (presque) TOUTE éventualité (rencontre avec les extraterrestres, sieste imprévue…)
Pour la tenue, vu la météo (et vu que j’ai la moitié de mon dressing dans mon sac…), j’opte pour du léger : short/débardeur/buff.
Me voilà donc sur le port de VANNES pour prendre la navette.
J’appréhendais vachement l’étape de la navette car la dernière fois où j’avais dû prendre une navette remontait à la SAINTESPRINT et je n’en garde pas un souvenir très agréable.
Rien à voir ici, tout est fluide, c’est merveilleux, je ne poireaute ni erre pendant une heure, en maximum 15 minutes c’est plié (attente navette + montée navette).
Arrivée à Arzon, je repère rapidement le départ pour ensuite m’installer à l’ombre du centre culturel (et ses toilettes, très utiles avant la course!!) et me faire plein d’amis.
J’en profite aussi pour somnoler. En partant à 17h30, je me doute bien que la nuit va être longue….
Juste avant le départ j’arrive à retrouver Florence une copine TEE.
ET C’EST PARTI!
Sans surprise, il fait chaud et le premiers 10 kilomètres se font en accordéon. Qu’importe, vu la chaleur, je ne serais bien incapable de faire une performance du siècle.
Comme souvent dans ces moments, j’en profite pour boire un peu et grignoter.
L’ambiance est hyper sympa et en ce jour de match (France – Argentine, c’est possible?), les rumeurs vont bon train sur le score.
Le paysage est splendide. J’en prends plein les yeux.
Vu que ça n’avance pas trop vite, je fais quelques photos.
Et puis, ça y est, ça se déroule. Plus de gros paquet.
La course peut commencer.
En vrai, je n’ai pas du tout mis les gommes.
Il faisait une chaleur du diable (mon dieu, je ne pensais pas pouvoir autant suer!!) et j’avais une trouille pas possible de me cramer et d’avoir à abandonner.
Donc j’ai essayé de trouver un juste milieu entre pression chrono/turtle is back.
Résultat, j’ai souvent alterné petit trot/marche bon pas.
Ce qui m’a permis de m’émerveiller encore et toujours sur le paysage et les vaches.
Les kilomètres passent les uns après les autres et sur les conseils de Florence (merci merci) je saucissonne la course par tranche de 10 km (histoire de ne pas trop paniquer).
Le public est au rendez-vous et (sympa) prévoit de quoi nous arroser/hydrater tout en nous encourageant (merci public!).
Le cap des 36 km est atteint.
Je me dis que je suis encore dans une distance que je connais.
DISTANCE MARATHON.
OK..ok..ok…
Là, je me dis que je rentre dans l’inconnu.
Je me sens plutôt pas mal (comme quelqu’un qui a fait plus de 40 km et qui doit en faire encore 18…).
Je kiffe le paysage. La nuit est tombée. Il fait toujours aussi chaud mais la magie de la course opère.
Je me perds aussi dans des calculs fumeux sur ma vitesse, la distance et le fait d’alterner marche rapide et course (mais ça m’occupe aussi l’esprit).
Kilomètres après kilomètres, la ligne d’arrivée se rapproche et j’en viens presque à me dire (malgré le mal de bide énoooorme que j’ai dès que je cours plus de 3 minutes 45 secondes) que c’est dommage, j’aurai bien continué un peu… (oué, là, je pense que c’est le moment où on est plusieurs dans mon cerveau!).
La Chicitas me retrouve pour les derniers kilomètres.
Il y a un orage de maboule, c’est terriblement beau (et j’ai l’impression de bouillir tellement intérieurement que je ne sens même pas la pluie).
Elle me crie dessus comme quoi je pourrais quand même courir et courir un peu plus vite (« non là, pour de vrai, même si je ne veux pas que cette course s’arrête, j’ai juste envie de m’allonger en étoile sur le sol. Là, au milieu du chemin« ).
Et puis…et puis…
LE PORT.
Le tour du bassin.
LA LIGNE D’ARRIVÉE.
C’est magique. Je n’y crois pas. Je l’ai fait.
Oui, moi, j’ai couru 58 kilomètres.
Je suis trop fière de moi (et très défoncée et fatiguée).
BILAN.
Une course magnifique (gnagnagnagna).
A posteriori, j’ai vu pas mal de commentaires sur l’orga qui aurait été dépassée par la chaleur. Sur le trail, je n’ai rien vu de tout ça. Au contraire, j’ai trouvé que c’était plutôt super bien organisé : des ravitos suffisants (passion tuc is back!!) et plus de points d’eau que prévu. Des bénévoles hypers gentils et encourageants. Donc sur le trail, rien à dire au niveau de l’organisation à part MERCI MERCI MERCI.
Le public fait aussi beaucoup pour l’ambiance de la course. Cette année particulièrement. Je ne compte pas les gens qui nous ont arrosés/aspergés, mis de l’eau à disposition, nourris, encouragés…Franchement, public breton, t’es le meilleur (normal, t’es breton). Je t’aime.
Florence aussi a été une super alliée tout au long de cette course (bien que nous nous soyons perdues quelques km avant la fin). Se lancer sur 58 km avec une copine TEE, ça fait du bien au moral et ça évite de se laisser abattre dans les coups de mou. Avec un peu de retard MERCI Florence (et à très bientôt sur une course?!?).
Conclusion : rendez-vous en 2019!